Yvonne Préveraud de Sonneville

1888 - 1982

Yvonne, sur le perron du pavillon des Bordes à Bécon-les-Bruyères en 1948

Yvonne, sur le perron du pavillon des Bordes à Bécon-les-Bruyères en 1948

 

Enfance bordelaise

En plein travail, Courbevoie 1954

En plein travail, Courbevoie 1954

Yvonne Préveraud de Sonneville - née Marguerite Latapie-Tronquet - a vu le jour le 11 juillet 1888 à Bordeaux, dans une famille d'imprimeurs par sa mère, Céline Oliveau (1862-1920). Sa grand-mère maternelle Ursule s’est remariée avec François Amédée Oliveau, des Imprimeries Oliveau, établies sur le quai de la Douane de Bordeaux depuis le XVIIIème siècle. Son père, Alexandre Latapie-Tronquet (1863-1943), est avocat. Son enfance se passe entre le port de Bordeaux l’hiver et le Bassin d’Arcachon l'été, au Moulleau. Ses parents divorcent en 1897.

Elle fréquente l’École des Beaux-Arts de Bordeaux où elle se révèle une artiste douée, récompensée par la Médaille d'Argent et Premier Prix de Dessin, et spécialisée dans les Arts Décoratifs. Elle fut l’élève de Paul Antin, chez qui elle rencontre Georges Preveraud de Sonneville, peintre bordelais déjà établi : leurs fiançailles sont annoncées dans les salons de son oncle, l’imprimeur Gabriel Delmas. A la suite de leur mariage en avril 1914, elle signera ses œuvres du nom d’Yvonne Préveraud ou Préveraud de Sonneville.

 

Une artiste aux multiples talents

Auto-portait

Auto-portait

Son talent s’exprime dans un registre particulièrement vaste : elle varie les supports comme les techniques. Elle est rapidement et régulièrement exposée*, à Paris comme à Bordeaux, entre 1910 et 1959. Elle travaillait à la gouache, au pastel, à l’aquarelle, et plus tardivement à l’huile, vers 1955. Elle faisait également des gravures, ce qui lui valut d’être exposée à New York à l’Argent Gallery, pour l'exposition “Femmes Graveurs Américaines et Françaises”, en 1948. Elle est décoratrice d’intérieur pour des hôtels particuliers à Paris ; elle illustre de nombreux romans** ; elle peint des décors de théâtre (La Traviata à l’Opéra de Paris en 1927) ; elle crée des bijoux pour Llonguet ; elle peint de la porcelaine, et de la miniature sur nacre ou sur ivoire ; elle réalise plusieurs affiches publicitaires…

Issue de la bonne bourgeoisie bordelaise, elle n’en est pas moins attirée par la vie nocturne et les quartiers interlopes de Bordeaux. Elle peint les filles de joie de Meriadeck, de très nombreux nus féminins, et, comme son mari, les scènes de bals, de cirques et les docks. Fantaisiste, séduisante, nonchalante, élégante et mondaine… de 1910 à 1960, ces aimables adjectifs se retrouveront sous la plume de tous ceux qui évoqueront l’œuvre de celle qui forma avec Georges de Sonneville pendant  plus de soixante ans, un couple d’artistes unis. Leurs plus belles années de vie familiale qui correspond également à l’épanouissement  de leurs talents, seront vécues entre 1914 et 1932, entre l’atelier du 23 rue du Couvent à Bordeaux et le village de Martillac dans les Graves où artistes, musiciens et écrivains continuent à leur rendre visite.

Avec sa fille Denise de Sonneville-Bordes, 1954

Avec sa fille Denise de Sonneville-Bordes, 1954

La mort tragique en 1932 de leur fille ainée Colette, changera leur vie et marquera le couple jusqu’à leur décès.

Moins reconnue par la postérité que son mari, elle reste néanmoins une artiste prolifique, raffinée, et saluée par la critique pour la richesse et la diversité de son œuvre. Elle continua à créer et à peindre jusqu'en 1958, date à laquelle des ennuis de santé la contraignent à l’inactivité, et décède quatre ans après Georges, à Talence, le 6 mars 1982.


*Expositions à Paris : Marcel Bernheim (1913), Musée du Luxembourg (jusqu’en 1958), Salon d'Automne (1948), des Tuileries (1927), des Indépendants (1931-1953 à 1959) et salon Populiste (1946-47, 1950-51-52), du Nu chez Bernheim Jeune (1954-1959). A Bordeaux : au SAA (de 1910 à 1920), aux Indépendants Bordelais (1928-1938), chez Grézy et Imberti dès 1910.

**Les Enfantines de Valéry Larbaud en 1926, Les Rêveries Romantiques et d'autres ouvrages de Jacques de Lacretelle dès 1927, Jack d'Alphonse Daudet en 1929, Les Faux-Monnayeurs d'André Gide en 1930, La vie de Disraeli d'André Maurois en 1930, les Lettres d'Alfred de Musset et de Georges Sand en 1931, La Ligne de Jean Gérard Fleury en 1944, Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell en 1945, Conseils à la femme nue de Roger Allard en 1930.